Adieu Bill

Cet après-midi, on a assisté à l’enterrement d’un ami de ma famille, un de nos anciens voisins, on l’appellait Bill, au village, c’était “l’américain”. Et j’avais beau etre très en colère contre ce **bip** de prêtre pour des raisons qui mériteraient un article à elles seules, la cérémonie était non seulement très émouvante, mais elle faisait drôlement réfléchir…

Bill, William Donahue de son nom complet, était arrivé dans le petit village de Montastruc il y a 26 ans, soit 10 ans avant nous. Quand nous avons acheté la maison à Escat, il n’y avait que 2 maisons habitées sur le 4 qui composaient le hameau : nous, les anglais, et lui, l’américain… Il vivait un peu en hermite, tout seul dans sa maison, avec son potager, sa vieille Visa qui marchait à peine, ses gestes timides et son anglais hésitant après tant d’années de solitude en France. Solitude choisie, par contre, il avait des amis, de la famille, mais il vivait en retrait, surement une habitude acquise quand il est devenu moine bénédictain.

On sait peu de choses de sa vie, on a eu droit à des bribes, mais on ignore encore jusqu’à son age réel. J’en ai appris preque autant cet après midi qu’en 16 ans à le cotoyer ! Il a été moine, il a été prof, et journaliste, il est tombé amoureux de notre “coin”, et il est resté. Sa maison était très simple, comme sa façon de vivre, on en ressortait à chaque fois en se disant que notre maison à nous était encombrée d’un fouillis incommensurable. Il vivait dans le respect des principes bénédictains, travail et prière. Ses prières il les emporte avec lui, mais son travail, il l’a laissé, des articles qu’il publiait sur la philosophie ou la théologie à son beau potager, en passant par des traductions de textes anciens.

Au moment de la mise en terre, on nous a lu des lettres de ses neveux, qui lui rendaient parfois visite, le genre de lettres qui donnent envie… envie de laisser ce genre de souvenir à ses proches, envie qu’un jour quelqu’un puisse écrire ce genre de chose de soi… “Celui qui avait la chance de recevoir une lettre de lui, de connaitre sa façon d’écrire, sa belle écriture, savait qu’une lettre de lui était un trésor que l’on apprécie […] à une époque où tout va si vite. Il pouvait prendre une page entière pour parler d’une journée pluvieuse ou d’un coucher de soleil….”

Savoir voir les petites choses qui font que la vie est belle, respecter la terre et les êtres vivants, s’émerveiller de détails que d’autres ne voient pas, prendre le temps de vivre, travailler et récolter les fruits de sa labeur, ce sont des choses qui paraissent parfois être un luxe aujourd’hui, c’est pourtant un luxe accessible.

1 Réponse to “Adieu Bill”

  1. Mémé Says:

    Tu m’avais dit il y a quelques jours que Bill était au plus mal… Ton hommage ci-dessus m’a émue, il peut partir tranquille, de bonnes plumes n’ont pas de mal à parler de lui….et de ses mystères ;)

Toi aussi, tu veux dire une betise ?

Tu dois t'identifier pour me dire une betise.