Aurevoir Jean-Claude

Ce matin, on aurait dit que tous les esprits malins de la route s’y étaient mis pour nous pourrir le voyage. Travaux, pluie, camions, passage à niveau, rien ne nous a été épargné ! C’est donc avec presque 20 minutes de retard qu’on est entrés sous le chapiteau de la communauté Emmaüs de Lavilledieu du Temple, un peu honteux, sur la pointe des pieds.

Nous avons écouté de beaux témoignages, des textes très bien choisis, des lettres qui venaient du coeur, nous avons tous pleuré. Au milieu de la salle, son cercueil garni de fleurs, et son fauteuil vide, une photo de lui posée dessus, et des bougies… La photo ci-dessous ne rend guère justice à la chose, je n’ai osé la prendre que bien plus tard quand on était sur le départ, mais tant pis, j’aurai au moins un souvenir de cette belle et très émouvante cérémonie et accessoirement une petite illustration pour mon blog.



Sur le coup, plein de choses me venaient, j’avais des choses à dire, mais je n’osais pas trop, et puis j’avais peur de dire un truc de travers, je me connais, ça a l’air très bien dans ma tête, mais dès que ça doit passer par ma bouche, c’est n’importe quoi… Déjà que les conversations minimalistes lors d’un enterrement sont casse-gueules, alors un discours, vous parlez d’un plongeoir… Mais par écrit, avec le temps de la réflexion et l’aide d’un traitement de texte, ça devrait aller mieux. Voici donc ce que j’aurais dit, si j’avais osé.

Je n’ai pas préparé de texte, ni de discours, je ne sais même pas si j’ai le droit de parler de lui devant tant de gens qui le connaissaient bien mieux que moi, mais voilà, je me lance.

Jean-Claude, j’ai eu la “chance” de ne le connaitre que dans des moments de plaisir, de bonheur, de fête. Je n’ai pu que deviner sa douleur, physique et morale, on la sentait, mais il ne la laissait pas perturber son envie de profiter de la vie, et surtout des belles tablées qui accompagnaient généralement nos rencontres. Je ne l’ai donc pas vu très souvent, mais en même temps, j’ai passé plus de temps avec lui qu’avec certaines personnes de ma propre famille.

Il y a des gens, toujours gentils et souriants, qui sont agréables à vivre, mais qui ne laissent qu’une impression superficielle que l’on oublie vite. Jean-Claude, lui, était plus “brut”, mais profondément attachant, malgré ses raleries et le fait qu’il ne retienne jamais les prénoms… :D Quand j’ai appris la nouvelle de sa mort, j’étais au bureau, et j’ai éclaté en larmes dès que j’ai raccroché le téléphone. Ma collègue, qui avait entendu la conversation, m’a demandé qui était mort, et j’ai eu du mal à expliquer qui il était et pourquoi ça me touchait autant. Souvent, les amis proches d’une famille acquièrent le surnom d’oncle ou tante, eh bien Jean-Claude, c’était un peu ça, comme un oncle un peu fou, une guibole en moins, blagueur et raleur, qui mange beaucoup et qui appelle tout le monde “ma p’tite dame” (enfin, les femmes seulement ;) ).

Autour de lui, je vois ses amis rassemblés, remplaçant la famille qu’il n’a pas vu depuis des années, je vois les larmes, la tristesse de la perte d’un être cher, et je me dis que c’est ça, la famille, pas uniquement les liens du sang, mais les liens du coeur, du respect, de l’admiration, de l’amitié, de l’amour, de la tendresse. Je ne connais pas les raisons qui font que sa fille n’a pas pu ou voulu être là aujourd’hui, pourquoi elle ne faisait plus partie de sa vie, mais je trouve toujours ça triste, la rupture dans une famille, surtout que bien souvent les raisons ne sont pas si importantes que ça si on veut bien prendre un peu de recul. Aucun de nous n’est éternel, personne ne sait de quoi demain sera fait ou ce qu’il nous arrivera, et parfois, il est trop tard pour changer les choses, et il ne reste plus que des regrets.

Il a choisi de nous quitter, aujourd’hui, et nous ne pouvons que souhaiter que là où il est il n’y a plus ni souffrance ni douleur, seulement la paix, le bonheur, et de la musette qui ne fait pas poum poum.

1 Réponse to “Aurevoir Jean-Claude”

  1. Ptinou Says:

    Bah! c’est une jolie éloge! mais vu qu’elle a été pensée avec le coeur, pouvait-il en être autrement?

    Et puis les gens capables de faire naitre de beaux sentiments dans le coeur des autres ne disparaissent jamais vraiment je crois!

    Désolé pour ta peine! lui doit se reposer maintenant!

Toi aussi, tu veux dire une betise ?

Tu dois t'identifier pour me dire une betise.