Ah, Men…

Nous sommes un dimanche frileux du mois de Novembre. Malgré le froid les fidèles sont venus nombreux, très nombreux, pour entendre les paroles de celui qu’ils vénèrent. Tous les yeux sont rivés sur lui, et lorsqu’il entonne les chants qu’ils ont appris religieusement au fil des années, toutes les lèvres remuent en rythme, les voix des centaines d’hommes réunis dans cette grande salle se rejoinent pour ne plus en former qu’une. Cette voix collective est une communion qui s’élève, pulse, soulève, réchauffe les coeurs. Les regards sont pétillants, les bouches sourient, les coeurs et les esprits sont tous tournés vers celui qui est là, sur scène, et qui leur donne ce qu’il reçoit, du bonheur, celui-là même qui rayonne dans toute la salle.

On aurait pu être dans une grande messe méthodiste dans le Heartland américain, mais non. On est au Toulouse Game Show, premier du nom, et on regarde Bernard Minet sur la scène, qui se livre à un blind-test contre une équipe de grands gamins de vingt, trente, trente-cinq ans. Nous sommes dans le temple de l’adulescence. Et pour aduler, ils adulent.

Le blind-test se termine et on passe au Cosplay, mais on est déçus, que des dessins animés récents que l’on connait pas ou peu, à part un Robocop sympatoche. On est décidément trop vieux pour ces conneries. On s’extrait tant bien que mal de la foule, croisant au passage quelques jedis, un Naruto, et des membres de SG1, puis on sort, en passant devant la porte des étoiles (une maquette grandeur nature drôlement impressionnante, même si la couleur me fait bizarre, bravo à Star Fiction ainsi que pour les costumes, chapeau !).

Plus on se bat pour avancer au sein de la foule de plus en plus compacte, plus je me dis que tout ça, c’est plutôt rassurant. Ca veut dire qu’il y a des centaines de personnes qui sont au moins aussi dingues que moi, voire plus encore. Mais si c’est rassurant.

Bernard MinetOn franchit la porte du salon, et on se retrouve dans le hall d’entrée, et là, d’un coup de coude, j’indique à mon cher mari que là, devant lui, se trouve le plus adoré de tous les Musclés, et celui qui partage avec Tom Cruise un détail d’importance : il est plus petit que mon homme. On se rapproche, et on a droit à un petit moment de papotage, un autographe, et même une poignée de main pour Monsieur, un baise-main pour moi.

Vous êtes prévenus, ne venez plus manger chez moi, je ne me laverai plus jamais la main droite.

Toi aussi, tu veux dire une betise ?

Tu dois t'identifier pour me dire une betise.