Kevin est un jeune américain. Vu la partie aparrente de son intellect, je le soupçonne fort d’etre blond, d’avoir été quarterback au lycée, et d’etre sorti avec une blonde cheerleader nommée Britanny. Ou Pamela.

Aujourd’hui, Kevin est chef de produit dans une grosse boite de la net generation. Ils sont au moins 30, c’est vous dire. Kevin est donc un homme, un vrai, avec des responsabilités et une mutuelle qui couvre les frais dentaires. Bonjour Kevin.

Kevin est donc le product manager d’un co-branded joint venture avec des gentils cinglés franco-belges de ce lointain pays appelé Europe. Le projet est très sympa et Kevin se rend compte qu’il y a plein d’options très sympas qui sont possibles. Alors comme Kevin est un gars sympa, il décide de choisir toutes les options possibles.

- Euh, Kevin, c’est bien, mais si on utilise toutes ces options là, faut qu’on refasse tout le produit qui est quasiment fini, parce que tu vois, y’a rien de prévu pour que l’utilisateur choisisse entre toutes ces options, donc seule la plus récente fonctionnera. Le projet de base n’envisageait qu’une seule option.

- Bah, le produit prendra le dernier installé, et alors, où est le problème ?

- Eh bien, vu qu’on les vendrait séparémentles options, si quelqu’un en achete plusieurs, il ne pourra en utiliser qu’une. Ca va raler. J’imagine déjà les bouchons à la hotline !

- Personne ne ferait ça, non ? … Si ?

Tout bon développeur conçoit ses interfaces en considérant que l’utilisateur moyen a l’intelligence d’une huitre bourrée le soir de la finale de la coupe du monde de foot dans un bar bondé de Munich. Or il se trouve que Kevin est un exemple parfait d’utilisateur.

Nous nous sommes mis d’accord qu’on restait sur le projet de base : une seule option, on suit le cahier des charges original.

Trois semaines plus tard, Kevin se rend compte que plein d’options super sympas sont possibles, et comme il est sympa et qu’il a le QI d’une huitre (…) il veut toutes les prendre. Encore. Nous avons mot pour mot la même conversation, le copier-coller, c’est parfois pratique.

Ceci est un exemple parmi d’autres, le projet est lancé depuis début 2006. Depuis presque un mois, la date du grand lancement du grand super mega produit a été fixé au 19 avril. J’ai fait une demande d’achat pour une corde, mais j’hésite encore entre me pendre avec et m’en servir pour attacher Kevin et ensuite le lapider à coups de Babybel au chèvre.

Le matin du 19 avril 2006, la gentille cinglée franco-belge qui se trouve être anglaise (et qui se trouve être moi) ouvre sa boite de réception et y trouve un mail de Kevin qui commence par “Bon, je sais que vous allez penser qu’on est cinglés, mais on a une modification de dernière minute…”

Je vais faire une pause.

Je reviens, je lis, mais je n’en reviens pas. Ils ont choisi de changer le nom du produit. Aujourd’hui. Le lancement est maintenu.
Toutes les pages du site, le nom de domaine, les instructions, les graphismes et le logiciel lui même sont à changer.

Le rêve américain, c’est beau, mais c’est parfois utile de se reveiller un peu. Kevin.

Posté le Wednesday, April 19th, 2006 Ã 18:15 et rangé dans Pensées et errances.
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